Aujourd’hui, les gestes barrières nous privent d’un langage affectif important : le toucher.
Il nous est proscrit en ce temps de pandémie. Toucher, caresser, enlacer est ce qui fait aussi notre humanité. C’est un élément essentiel de notre lien social. Un sens incontournable et vital !
Le toucher est un besoin
Le toucher est le 1er sens à apparaître et le dernier à disparaître. Nous pouvons être sourds ou aveugles, nous sentons toujours. C’est un stimulus sensoriel aussi indispensable à la vie que manger, boire ou dormir. Du moment où nous sommes dans le ventre de notre mère jusqu’à la vieillesse le toucher joue un rôle primordial dans notre développement et notre bien-être physique et mental.
Le toucher est la première capacité sensorielle qui apparaît chez l’enfant, avant même sa naissance. In utero, nous sommes en contact permanent avec le corps qui nous porte. Dès lors que nous bougeons, que nous donnons des coups, nous touchons et sommes touchés. Le toucher apporte au foetus sécurité, nous nous développons en ne connaissant que ce sens.
Lorsque nous naissons, nos autres sens en sont à leurs balbutiements. C’est par le toucher que nous avons notre premier contact avec le monde extérieur. Le toucher apporte à l’enfant la sécurité affective et l’apaise parce qu’il lui rappelle la sécurité du lien à la mère et le relie à la relation d’origine. A contrario, on peut affirmer que l’absence de toucher tue ou affecte gravement la santé physique, mentale et relationnelle. En effet de nombreuses études ont démontré que les nourrissons étant privés de toucher souffrent de retard de croissance et d’altérations de leurs facultés mentales. Parallèlement, les petits prématurés qui sont régulièrement massés, gagnent jusqu’à 40% de masse corporelle, en comparaison à ceux qui ont été peu stimulés.
Le toucher fait partie de notre quotidien, il est partout : je touche mon corps lorsque je me douche, quand je prépare mon déjeuner, lorsque je serre la main de mon collègue, quand j’enfile mes baskets,… Le toucher concerne tout le monde bien que certains l’apprécient et d’autres le rejettent. C’est une façon de communiquer: embrasser une personne proche pour lui manifester notre amour, consoler l’autre par une étreinte, donner l’avant-bras pour appui,… Quand nous touchons, nous ne sommes pas obligées de parler. Nous sommes en lien autrement : avec le regard, avec les mains, en peau à peau. Autant de gestes ayant un impact parfois plus important qu’une conversation.
Le toucher répond donc à plusieurs besoins fondamentaux comme celui d’être aimé, d’être sécurisé, accepté ou reconnu.
Les bienfaits du toucher dans le massage bien-être
Le toucher libérateur de l’ocytocine
Le contact physique diminue le stress et stimule le bien-être. Le massage , au travers du toucher, permet de diminuer le taux de cortisol (hormone du stress) et d’augmenter la production de sérotonine et d’ocytocine (hormones du plaisir). Cela calme les tensions, favorise le sommeil, le recentrage et l’ancrage.
Une plus grande ouverture aux ressentis corporels
Certaines personnes éprouvent du plaisir à toucher et à être touché alors que d’autres sont davantage dans le rejet. Elles ressentent, comme la plupart des gens, ce besoin de contact mais certains mécanismes de défense les en empêchent. S’ouvrir au toucher de l’autre leur demande de grands efforts. Cette peur est bien souvent liée a ce qu’elles ont vécu au cours de leur existence, à des traumatismes liés au toucher.
Le massage peut permettre alors une “réconciliation” progressive et en douceur vers ce sens fondamental qu’est le toucher, au travers le regard bienveillant et neutre d’un professionnel. Le massage apporte une plus grande ouverture aux ressentis corporels et développer une conscience plus précise de son corps. Le toucher peut éveiller des sensations émotionnelles ou psychiques qui sont autant d’occasions de nous révéler à nous mêmes (elles touchent notre histoire, nos blessures et conflits,…). Le toucher participe à l’élaboration et au maintien des repères du schéma corporel. Les gestes d’unification et d’enveloppement permettent de retrouver ou reconstruire le schéma corporel.
Revalorisation de l’image de son corps, diminution du stress et des tensions physiques, augmentation du bien-être,… autant de raisons de se réconcilier avec le sens du toucher, un sens bien souvent négligé et mis de côté dans nos sociétés modernes.
“Le toucher c’est entrer en relation, c’est apporter un peu d’attention. Etre touché, c’est avoir la conscience d’exister”
Jean-Jacques Daumoine